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La vie de Toto

24 juillet 2009

Juin

Toto tient à s’excuser auprès de ceux que sa vie intéresse des les avoir laissés sans nouvelles au mois de juin, mais il a eu bien des malheurs et n’a pu trouver le courage de relater de si tristes événements. Que les lecteurs qui auraient la bonté de lui pardonner soient ici remerciés.

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22 juillet 2009

La grand-mère

Samedi, Toto s’est réveillé tôt, comme tous les jours, mais ce jour était un jour spécial, et Toto le savait, malheureusement il devait presque être le seul. Alors il s’est levé, comme si de rien n’était, il a mangé ses trois tartines de pain beurré, bu du café, s’est douché, habillé, puis s’est assis. Le samedi, Toto s’ennuie parfois, mais moins que le dimanche. Il n’aime pas trop son emploi, mais au moins, pendant ce temps-là, il est occupé. En fin de semaine il se repose, mais il ne fait rien d’autre, en général. Il avait espéré que ce samedi-là serait différent, mais il était déjà neuf heures et demie et sa journée n’avait en rien différée des autres samedis. Il regarda un peu par la fenêtre. Il y avait quelques nuages, peu de vent, le soleil risquait de taper fort dans l’après-midi. Toto se dit qu’il devrait certainement tirer les rideaux plus tard. La sonnerie du téléphone sortit Toto de la contemplation du ciel. Son cœur s’emballa. Il se leva, les jambes en coton, et chancela jusqu’au téléphone. Il décrocha, ému jusqu’aux larmes.

Une très gentille dame lui demanda s’il comptait changer ses fenêtres avant l’hiver. Toto ne s’était jamais posé la question, peut-être le devrait-il. La dame parla encore longtemps sans que Toto n’osât l’interrompre, mais sans l’écouter vraiment. Il raccrocha, déçu. À peine s’était-il rassit que le téléphone sonna de nouveau. Le cœur de Toto bondit dans sa poitrine. Il tendit une main tremblante vers le téléphone et saisit le combiné.

Quand il entendit la voix faible de sa grand-mère marmonner, il pleura de bonheur. Sa grand-mère se souvenait toujours de l’anniversaire de son petit-fils. Toto sut que cette journée, pour une fois, ne serait pas ratée, qu’il avait bien fait de se lever et d’attendre. Il comprit, à demi-mot, que sa grand-mère l’invitait à déjeuner.

Un peu avant midi, Toto sortit de chez lui. Il n’aimait pas prendre le bus mais sa grand-mère habitait trop loin pour qu’il s’y rendît en marchant. Heureusement, à cette heure-là le bus était presque désert. Toto monta et choisit une place proche du bouton d’arrêt. Vingt minutes plus tard il descendit et remonta la rue dans laquelle vivait sa grand-mère.

C’était une très vieille dame presque sourde et qui n’y voyait plus très bien. Elle prit Toto dans ses bras. Elle lui paraissait encore plus petite que l’année dernière. Elle le pria de s’installer à table et lui servit un verre de Suze, comme à chaque fois que Toto venait la voir. Il but sans rien dire cette boisson qu’il n’aimait pas. Pendant tout le repas, sa grand-mère parla peu. Elle faisait d’incessantes allées et venues entre la table et sa gazinière. Elle avait encore fait à manger pour un régiment, mais Toto finit toutes les assiettes qu’elle lui servait, même si ce n’était pas très bon. À peine avait-il terminé le fromage que sa grand-mère posa sur la table un gâteau sur lequel elle avait planté cinq bougies que Toto souffla bien vite, avant que la cire ne coulât sur la croûte dorée et étrangement sèche. Il coupa deux parts. Le couteau rencontra un objet dur : une fève. Il la retira discrètement, mais sa grand-mère le vit faire et posa une couronne tachée de graisse sur sa tête. Le gâteau n’était pas bon. Sa grand-mère l’avait gardé depuis janvier et il était dur comme du béton. Il le mangea malgré tout, s’aidant de café tiède pour le faire passer. Sa grand-mère souriait, heureuse. Toto sourit aussi. Elle lui donna un paquet. Il le défit, les yeux embués de larmes, et sortit du papier un jeu de cartes Pernod-Ricard. Il embrassa sa grand-mère qui, gênée, lui dit qu’elle devait maintenant faire une petite sieste, car si elle ne dormait pas un peu, elle ne tiendrait jamais jusqu’au soir. Toto l’accompagna jusqu’à sa chambre, l’embrassa, et retourna dans la cuisine. Il débarrassa la table et fit la vaisselle. Quand il eut terminé, Toto passa un rapide coup de balai et sortit. Sa visite avait fort fatigué la vieille dame et il ne voulait pas la déranger plus longtemps.

Il décida de rentrer à pied. En arrivant chez lui, il se rendit compte qu’il portait toujours la couronne sur sa tête.

4 juin 2009

Choses

Choses que Toto a : des chaussures, un lit, des assiettes, des verres, quatre petits et trois grands, des couteaux à dents et un couteau à grand lame dont il se sert pour couper les légumes, deux fourchettes, des cuillers, une chaise, un appareil photo, un peigne en plastique rouge, une brosse à dents, un oreiller, un coussin en velours qu’il pose parfois sur sa chaise, un vélo sans pneu, douze stylos dont un rouge, des crayons et un taille-crayon, un rasoir, une montre, trois tasses ébréchées, deux pantalons, deux chemises, une veste, des sous-vêtements, trois casseroles, deux poêles, une éponge, des serviettes de toilette et des serviettes de tables, trois torchons, un dictionnaire, une table, une boîte dans laquelle il garde deux ampoules, au cas où, un grand sac de voyage dont il ne s’est jamais servi pour partir en voyage, des clés, un cahier à spirale, une gomme, un calendrier de l’année passée, un livre sur les oiseaux, un briquet, une petite chouette en laiton, cadeau de son grand-père, deux rouleaux de scotch, une petite boîte de punaises dans laquelle il n’y a plus de punaise, trois pellicules photo, une radio qui ne marche pas très bien, un chapeau, une loupe.

La liste des choses que Toto n’a pas serait trop longue ; il n’a pas envie de la dresser. À quoi bon avoir plus ? il est heureux comme ça. Non, il ne veut rien.

Rien du tout.

2 juin 2009

Le rêve de Toto

Toto s’endort et rêve.

Il rêve que sa vie recommence, que rien n’a eu lieu, que tout est neuf à nouveau. Il rêve d’une deuxième chance. Il rêve d’une vie plus belle et plus riche.

Dans son rêve, Toto sourit, il est heureux, il oublie qui il est. Le nom de Toto ne signifie plus rien, ni pour lui, ni pour les autres. Les traits de son visage deviennent flous, s’estompent, et disparaissent. Il ne reste rien de lui. Tous l’ont oublié. Il flotte entres deux mondes, entre le rêve et la réalité. Comme la fumée portée par une brise légère, il s’étend sur la terre, partout et nulle part. Plus son corps devient vaste, plus il perd de sa consistance. Il voit tout. Il voudrait demander : « Qui est Toto ? » Et les gens n’entendraient pas la question, ne la comprendraient même pas. Le vent pousse Toto encore plus loin sur le monde. Il n’est presque plus rien désormais. Ce qu’il a pu faire, penser ou dire n’a plus d’importance. Le temps n’existe plus, le passé et l’avenir sont un. Toto circule de l’un à l’autre sans entrave. Il est libre. Le vent le pousse, encore, et plus le vent le pousse et plus Toto se perd en lui. Il se sent devenir le vent. Aussi peu que le vent.

Cette vie qu’il rêve est plus belle que la vie qu’il vit.

18 mai 2009

Le linge

Toto est bien embêté car sa machine à laver est en panne. La dernière fois qu’il s’en est servi, de l’eau est sortie par-dessous, pas beaucoup, mais suffisamment pour qu’il n’ose plus l’utiliser. Depuis quelques temps, la machine commençait à faire du bruit, beaucoup de bruit, et Toto avait peur que ça dérange les voisins.

Mais voilà, son linge est sale ! Comment faire ? se demanda Toto. Il y a bien une solution, mais Toto n’avait pas trop envie d’aller à la laverie automatique. Il n’aimait pas trop ces endroits. Il ne voulait pas que les gens voient son petit linge. Alors Toto a attendu le dernier moment, il a attendu de n’avoir plus rien à se mettre, et quand tous ses vêtements ont commencé à sentir mauvais, il a bien été obligé de se résoudre à se rendre à la laverie. Il a mis tout son linge sale dans un grand sac, et est sorti, tout tremblant.

La laverie était vide. Toto était bien content. Il a lu les instructions écrites sur un petit papier scotché au mur et les a scrupuleusement suivies. Il a introduit le linge dans la machine. Il a fermé la machine. Il a mis la lessive dans le tiroir… Oh non ! Toto avait oublié d’emporter de la lessive ! Comment allait-il faire ? Pas de panique, il y avait un distributeur, tout n’était pas encore perdu. Toto glissa une pièce de cinquante centimes et récupéra la lessive d’une jolie couleur bleutée dans un gobelet de plastique. À ce moment, quelqu’un est entré, un gros sac sur l’épaule. Il a salué Toto et a mis son linge à laver sans même lire les instructions. Toto le regardait, admiratif. Il se dit que, lui aussi, un jour peut-être, il serait capable de faire comme ce monsieur, de faire preuve de la même assurance. Puis il a continué. Il a mis la lessive dans le tiroir. Il a choisi son programme (le même que le monsieur). Il a glissé le jeton dans l’étrange boîte au dessus de la machine (heureusement qu’il avait vu le monsieur faire, sinon il n’aurait pas compris comment obtenir un de ces précieux jetons). Il a entendu le bruit de l’eau dans les tuyaux. Il avait réussi.

Toto s’est assis sur une chaise et a attendu. Des gens sont entrés, petit à petit. Il est resté sans bouger, les mains sur les genoux. Les gens discutaient, ils avaient l’air de se connaître. Certains parlaient des langues que Toto ne comprenait pas. Lui ne disait rien, il attendait que la machine ait terminé. Dès que ce fut le cas, il fourra bien vite le tas de vêtements mouillés dans son sac et rentra en courant.

Arrivé chez lui, il a étendu son linge sur le séchoir, puis il s’est assis sur sa chaise, encore tout chamboulé de sa nouvelle expérience. Il se calma peu à peu, se sentant de plus en plus fier d’avoir été capable de se sortir de se mauvais pas. La panne de sa machine à laver, en fin de compte, lui avait permis d’oser faire des choses dont il ne se serait jamais cru capable. Il sentit une bouffée de fierté l’envahir.

Décidemment, se dit Toto, la vie est pleine de surprises.

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15 mai 2009

L’emploi

Toto ne connaît pas la crise, car Toto a un emploi. Il surveille un entrepôt de produits chimiques, près d’une usine de fortifiant pour chevaux. Ce n’est pas aussi intéressant que ça en a l’air au premier abord, mais Toto s’en contente.

Le matin, il se lève tôt, très tôt, et il part, à pied, vers son emploi. Parfois il pleut, le plus souvent il fait froid. Les rues sont vides et grises, et Toto marche vite pour ne pas arriver en retard, même si personne ne l’attend. Son emploi consiste à ouvrir quelques portes et portails et à s’asseoir sur une chaise jusqu’à la fin de la journée. Il referme ensuite ces portes et portails et rentre chez lui. Parfois un camion entre dans l’usine. Le chauffeur tend alors à Toto un papier qu’il doit signer, puis Toto pose ce papier avec les autres dans une bannette. Le vendredi soir, avant de rentrer chez lui, il met tous les papiers dans une enveloppe qu’il laisse sur son bureau. Le lundi, l’enveloppe a disparu.

Après avoir ouvert les portes et portails, Toto se prépare un café. Il n’a pas de machine, mais l’eau du robinet est bien chaude. À midi, il mange un sandwich au poulet, ou, parfois, au saucisson, et une pomme. Il boit un autre café.

Cet emploi permet à Toto d’avoir de l’argent. Avant, Toto habitait une vieille maison qui sentait l’urine de chat (mais pas seulement de chat). Il dormait dans une pièce sans fenêtre. Il y avait bien un trou dans le mur, mais la fenêtre avait disparu bien avant que Toto ne s’installe là. Il n’y avait pas de porte non plus. Toto, le soir, poussait une vieille palette pour que personne n’entre, il se pelotonnait sous ses couvertures et cherchait le sommeil en sanglotant.

Il dormait mal. Maintenant, Toto dort mieux. Il aime bien, avant de se coucher, boire une tasse de tisane bien chaude en regardant les voitures par sa fenêtre. Il aime bien fermer les volets, tirer les rideaux, verrouiller la porte à double tour. Puis il se déshabille, en posant bien à plat ses vêtements sur la chaise pour qu’ils ne se froissent pas. Tout est calme. Il est encore tôt, mais Toto doit être en forme pour aller à son emploi. Détendu, il se couche, bien au chaud sous ses couvertures.

Mais c’est toujours en sanglotant que Toto s’endort.

14 mai 2009

Qualités & défauts

Toto est bien content, car il a appris à mieux se connaître. Grâce à ce beau site (http://www.asiaflash.com) il a compris qui il était vraiment.

Qualités
« Le découragement ? L’apathie ? Connais pas ! » Voilà bien ce que Toto peut dire à tout le monde à tout moment, en toute sincérité et en toute vérité. Le jour où on le verra se retirer dans sa coquille et bouder la vie, on pourra croire que la fin du monde est proche.

Car Toto est un superbe enthousiaste que rien n’arrive à abattre et dont l’ardeur est toujours renouvelée. Les vicissitudes de la vie ont très peu d’emprise sur son moral ; s’il tombe, il se relève le plus vite possible et reprend sa marche comme si rien n’était arrivé. Son énergie est presque inépuisable, et ses pouvoirs de récupération pour ainsi dire illimités. Il semble bien qu’il existe en lui une divinité qui le remplit d’entrain.

Défauts
Un des dangers qui menacent le bonheur de Toto est le décalage entre ses fantasmes et la réalité. En effet, Toto souffre souvent de désillusion — mais cela ne veut nullement dire qu’il a l’habitude de se démonter. Ou bien il croit à ses propres rêves et agit comme s’ils étaient déjà la réalité, ou bien il se laisse écraser par la réalité qu’il ne saurait nier. Prenons un exemple : les Toto sont souvent des prodigues. Ils ne savent pas et ne veulent pas faire des économies. Entraînés par leur idée totalement gratuite que les cailles doivent leur tomber toutes rôties dans le bec, ils n’hésitent pas à dépenser sans compter et risquent par conséquent de se retrouver dans une situation financière délicate.

Maintenant qu’il sait tout ça, Toto fera plus attention. Sa vie n’en sera que plus belle.

13 mai 2009

La photo

Si Toto devait se décrire, il n’y arriverait pas. Il préférerait plutôt prendre une photo de lui, en face du miroir, mais Toto n’a pas d’appareil photo, à part celui de son grand-père. C’est un vieil appareil dont il sait à peine se servir, et qu’il a rangé il ne sait où, à la cave sans doute, dans un vieux carton humide rongé par les souris. Pour ses fidèles lecteurs, Toto est prêt à affronter sa peur du noir (car l’ampoule est cassée) et à descendre dans les entrailles malsaines de son immeuble. Il ne vous racontera pas plus ce qui s’est passé là-dessous. Il a trouvé l’appareil et est vite remonté s’enfermer dans sa salle de bain. Il s’est douché longtemps, longtemps, pour enlever les toiles d’araignée et chasser l’odeur de moisi. Sous le jet d’eau chaude, il frissonnait, essayant d’oublier ce qu’il venait de vivre. Il a été obligé de sortir de la douche quand l’eau est devenue trop froide.

Toto a tourné l’étrange appareil photo dans tous les sens. Il restait encore une pellicule à l’intérieur que son grand-père n’avait pas pu finir, à cause de son décès brutal, plus de quinze ans auparavant. Toto régla plus ou moins bien l’ouverture et la vitesse (il se souvint tout de même de quelques petites choses que son grand-père lui avait apprises), se campa en face de son miroir, fit la mise au point, et déclencha. Bien sûr il ne se passa rien, car il n’avait pas armé l’appareil, et bien sûr, en armant l’appareil Toto le dérégla. Il ne s’en rendit compte qu’après avoir pris la photo, voulu en prendre une autre, mais la pellicule était finie.

Il allait devoir retirer le film de l’appareil, mais le système semblait si compliqué que Toto pris sa tête entre ses mains et pleura. S’il s’y prenait mal, la pellicule serait voilée et la photo perdue à tout jamais. Toto se redressa, fier et décidé, et redescendit à la cave, dans le noir absolu de la cave, et là, finalement, tant bien que mal, retira le film de l’appareil. Tout heureux il se rua chez son ami Francis.

Francis faisait de la photo et avait installé chez lui un laboratoire, avec tout ce qu’il fallait pour développer et tirer les photos. (Toto aurait pu lui demander de faire son portrait, mais il n’y pensa pas sur le moment. Il n’y pensa pas plus tard non plus.) Il tendit la pellicule à son ami, mais n’alla pas s’enfermer avec lui dans le labo. Les premières vues du négatif n’étaient pas fameuses. Trop sombres, ou trop claires, floues en général. La dernière n’était pas meilleure, mais Toto insista pour que Francis en fît un tirage afin de pouvoir la montrer aux visiteurs de son blog. Il assista, émerveillé, les larmes aux yeux, à l’apparition de son visage sur le papier.

totoportrait

La photo est ratée, bien sûr, mais Toto est content quand même. Au moins, comme ça, on ne verra pas à quel point il est laid.

12 mai 2009

Bienvenue sur le blog de la vie de Toto

Aujourd’hui, Toto a décidé de créer un blog. Pourquoi donc ? vous demandez-vous. Eh bien parce que la vie de Toto est passionnante, pardi ! et ce serait bien dommage que le monde n’en profite pas.

Toto essaiera d’écrire un petit mot tous les jours pour que le monde n’ait pas trop à se languir de ses merveilleuses aventures.

À bientôt.

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